La galerie de Vibien Hobarte

Bien avant que la couleur ou toutes autres matières arrivent sur la toile, je me laisse travailler et chauffer.

Petit à petit je m'échauffe jusqu'au point d'ébullition.

Là, l'inspiration me prend, m'emporte. Je me laisse surprendre. Elle me demande de me mettre entre parenthèses et de me laisser travailler.

Je suis emporté dans  une danse qui peut être longue ou fugace. Peu importe la durée, je suis présent et hors de moi.

Cet embrasement met mon corps en mouvement. Je peins de tout mon corps et de tout mon cœur. 

Pas de projet plutôt des jours entiers à tourner autour de la toile blanche.

Je m'approche, elle m'approche. je la laisse, elle me laisse.

Je deviens vide blanc à l'image de sa blancheur vide.

Nous devenons miroir l'un de l'autre. 

Ce vide est anxiogène car cela me demande un abandon, un lâcher prise total. Mon "MOA" aime contrôler. Une fois le point d'anxiété dépassé, l'inspiration me saisit et m'offre un magnifique voyage. Je ne connais pas le point d'arrivée et peu m'importe.

Peindre c'est ne plus savoir, c'est se mettre à la disposition de l'amour lui offrir mes outils, ma technique, mon être entier.

Je me reconnais dans les artistes qualifiés de singuliers, d'incultes, sauvages, bruts. Ceux qui sont rangés dans le rayon art brut, naïf, primitif et que sais je...

Cependant Je me laisse labourer par les artisans et les artistes de tous bords qui me réjouissent, me nourrissent, m'ensemencent. Là aussi peu m'importe leur étiquette, ce qui me touche c'est l'amour et le sacré qui illuminent leur travail.

Les années passant je réalise que je suis tout comme eux, simplement au service d'une source universelle de création qui nous offre toutes les  possibilités pour réenchanter la vie.

Quand "MOA" mon ego artistique enfle, j'aime à me le rappeler pour retrouver le simple goût de peindre, de créer et d'aimer.